Le témoin magnifique

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Le témoin magnifique

PetitGrandMonde
Publié par Le Grand Archicepteur dans Découverte · 27 Septembre 2018
Tags: gravurebijou
Préambule

Connaissez-vous cette merveilleuse chanson de William Sheller, « Le témoin magnifique » ?

Elle commence avec une très longue et belle introduction musicale, pleine de coups d'archets, comme autant de traits de crayons qui viendraient s'enlacer pour dessiner un tétraglyphe du PetitGrandMonde.

Et William s'en vient pour nous raconter simplement qu' « À l'autre bout du monde, Il n'y a rien, que le tonnerre qui gronde sur de longs chemins... Si seulement la Terre était ronde, on pourrait même aller plus loin ».

Vous pouvez découvrir (ou redécouvrir) cette chanson en cliquant ici


A l'instar du PetitGrandMonde..., à l'autre bout il n'y a rien mais on peut toujours aller plus loin...

J'aime bien donner un nom à certains objets importants, une forme de personnalisation intime, une adoption éternelle, un baptême irréel...

Et bien j'ai créé un objet important pour le PetitGrandMonde. Je l'ai baptisé « Le témoin magnifique », à la fois en hommage à cette chanson et également pour ce qu'il représente.



Je vais attribuer à chaque objet que je créé pour le PetitGrandMonde un certificat d'authenticité.
Bien sur ce certificat, qui en soit représente une finalité dans mon travail, sera imprimé mécaniquement, mais j'ai souhaité qu'il y ait une action manuelle en plus, quelque chose de tactile, un ultime contact avec l'encre et le papier, une personnalisation unique et authentique pour le finaliser.

N'oublions pas que dans le PetitGrandMonde, tout commence par un voyage de l'encre sur le papier. Terminer une réalisation avec encres et papiers permet de fermer la boucle... et pour paraphraser William Sheller : « Si seulement la boucle était ronde, on pourrait même aller plus loin... »

Cet objet important, qui vient sceller une production du PetitGrandMonde est un tampon encreur. C'est un témoin d'authenticité... et c'est un objet magnifique.

C'est « Le témoin magnifique ».

Mais pour en arriver là, de nombreux essais furent nécessaires, le chemin ne fût pas un long fleuve tranquille...

Et c'est cette histoire que je vous raconte ici...







Premier essai

Au commencement était le dessin. Pour faire un tampon encreur, il faut avoir une idée de dessin. je suis donc parti du logo de PetitGrandMonde que vous avez pu voir ici et là.
Simple et efficace.

Je ne vais revenir sur l'histoire de ce logo, quoiqu'il y ait pas mal de chose à raconter également... (ça fera peut-être l'objet d'un futur article ?).



J'ai commencé par en faire un négatif en mirroir pour que, lors de l'impression, lors du transfert de l'encre sur le papier, le dessin apparaisse dans le bon sens.

J'ai ensuite créé un médaillon dans une pâte un peu élastique et je me suis mis à la sculpture manuelle, avec loupe et scalpels...


Après quelques heures de labeur, le résultat n'était pas du tout à la hauteur de mes espérances. Certes, le tampon fonctionne bien mais le tracé est beaucoup trop approximatif. Le dessin n'est pas beau et trop de détails disparaissent lors de l'impression.

Par ailleurs, le relief n'est pas assez marqué et l'encre se disperse sur tout le médaillon. On voit des tâches d'encre en périphérie du logo qui viennent faire de belles ratures sur le papier !

Bref, on oublie cette technique et on reprend tout à zéro.

C'est là que je me suis dit que pour atteindre un certain niveau de précision, il fallait passer par une machine numérique. J'ai donc travaillé sur le sujet, commandé plein de pièces en Chine, appris de nouvelles techniques, un nouveau langage de programmation et je me suis construit un petit graveur CNC : Computer Numerical Control machine !

Second essai

Cette fois ci, on ne travaille plus dans la même cour : après de longues heures d'étude et de travail, de boulonnage, de soudures, j'ai réussi à mettre en oeuvre et à maitriser (un peu) mon graveur CNC.



Le jeu en valait la chandelle : la précision, la finesse du travail produit est extraordinaire.

J'ai donc commencé par graver un negatif du logo du PetitGrandMonde dans une texture de mousse expansée.
La gravure a bien fonctionné et le premier tampon est sorti des AFPGM (Ateliers de Fabrication du PetitGrandMonde) !



Néanmoins, après quelques essais d'impression, la mousse, un peu trop tendre et fragile, a commencé à s'écraser et le dessin est vite devenu imparfait : il me fallait une matière souple mais qui résiste à l'écrasement...

Troisième essai

J'ai opté pour une chute de set de table, un plastique un peu souple mais pas trop et cette fois, j'ai enrichi le logo d'un texte en périphérie.

Voici une vue de ce tampon en négatif, contrecollé sur un bout de bois pour faciliter les manipulations




et voici une première planche d'impression :




Après le passage dans l'encre, j'ai réussi à imprimer presque 9 logos sur une feuille de papier.
Petit scoop au passage : la partie basse de la feuille présente une maquette préliminaire du futur certificat d'authenticité, avec une impression du logo dans le quart supérieur gauche.
Je tenais le bon bout !

Quatrième essai : le Témoin magnifique

Fort de tous ces essais et expérience, j'ai commencé par dessiner correctement le logo, avec quelques arabesques et titre intégré. Après plusieurs essais et discussions enflammées autour d'un verre, le choix du logo final qui sera utilisé sur les certificats d'authenticité a été arrêté :



J'ai commencé par graver le négatif du logo. Voici le résultat avant ébavurage et ponçage :



Pour que le témoin magnifique le devienne réellement (magnifique...), j'ai gravé le logo,  en positif cette fois, dans un morceau de bambou avec une fraise de 0.5 mm. J'ai ensuite évidé l'intérieur du bloc de bambou et j'ai coulé un petit lingot de plomb pour que l'objet devienne lourd et que l'on sente toute son importance lorsqu'on le manipule, un peu comme ces pièces de jeu d'échec qui sont lestées et qui participent ainsi au plaisir du jeu.



Pour couler le plomb, j'ai réalisé un petit moule avec un assemblage d'équerres habillées d'une feuille d'aluminum.

Le plomb fond à une température relativement basse de 327,5 °C alors que l'aluminium a besoin du double de température (660,3 °C). Mon petit chalumeau à cartouche de gaz peut atteindre 1850 °C, je n'ai donc pas eu de difficulté à fondre mes petites barres de plombs récupérées lors d'un stage de vitrailliste il y a quelques années.



Et voici tous les éléments avant assemblage : le bambou gravé, le petit lingot de plomb et le négatif qui sert de timbre :



Aujourd'hui, « Le témoin magnifique » est opérationnel mais je ne l'ai pas encore utilisé, pas même pour faire un test...
Je travaille sur le design du certificat d'authenticité et lorsque le moment sera venu, je l'utiliserai à bon escient, avec méthode et respect...





4.8 / 5
7 critiques
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caroline D.
16 Nov 2018
J'adore!
l'idée, la fabrication d'une machine à graver ...le resultat: magnifique ce témoin en effet.
Mais quand trouves-tu le temps de faire tout ça ?
Brouilliard Paul
06 Nov 2018
Je crois bien te connaitre et pourtant tu me surprends toujours par ton sens artistique, ta technicité et ton professionnalisme.
Paquin
30 Sep 2018
Magnifique le déroulement de la fabrication du tampon encreur. Quand tu évoques la fusion du plomb cela me rappelle les fusions de l'étain que réalisait le père de maman. Lui aussi artiste dans sa mesure .
Bravo sur le blog
Duroeulx
28 Sep 2018
Génial cet épisode du petit grand monde!
J’adore !!!
À bientôt...
Iléa
27 Sep 2018
Très sympa de voir les étapes de réalisation !
Ch'Gui
27 Sep 2018
Voilà un travail pour le coup impressionnant 😉
brice
27 Sep 2018
Récit passionnant, c'est un plaisir de voir ce petit grand monde prendre une autre dimension.

Bonne continuation !!
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